vendredi 12 avril 2013

Partir en Islande en hiver

Complément d'informations (au 2 mars 2020) : j'ai ajouté des informations récentes suite à un nouveau séjour hivernal là-bas fin janvier 2020. Les choses ont en effet pas mal bougé sur place... A lire en fin d'article.

Cela faisait de nombreuses années que je souhaitais découvrir l'Islande en hiver (pour bénéficier de nuits suffisamment longues), notamment pour observer et photographier les aurores boréales. Je suis donc parti avec un ami en janvier dernier durant deux semaines, dans le but de voir ces phénomènes lumineux exceptionnels mais aussi de découvrir cette île de l'Atlantique nord. 

Afin de préparer mon séjour, je me suis mis en quête d'informations sur le climat, le budget à prévoir, la location d'un véhicule, le logement sur place, les pièges à éviter, etc. Or, je me suis vite rendu compte que les conseils et avis donnés à travers les sites web et autres guides pratiques correspondaient essentiellement aux périodes classiques de visites de l'île, lorsque les conditions climatiques et de luminosité sont les plus favorables. En gros : de mai à septembre inclus ; et que les informations concernant les autres périodes, notamment pour l'hiver, étaient rares et souvent imprécises. 


Le présent article vise donc à combler – humblement et synthétiquement – ce manque, à travers mon vécu durant ces deux semaines. J'en profiterai aussi pour vous exposer dans les grandes lignes les avantages et les inconvénients de la période hivernale, et pour vous donner quelques conseils pratiques. J'espère aussi que les images qui agrémentent cet article vous donneront envie de franchir vous aussi le pas...


Quels sont les avantages de la période hivernale ?


Les tarifs des billets d'avion sont très bas !
Nous sommes partis en janvier 2013 via un vol classique Paris/Reykjavik sur la compagnie nationale Icelandair. Le billet A/R nous a coûté 320 € par personne ! Difficile de faire plus attractif surtout lorsque l'on connaît les prix habituellement pratiqués à partir du mois d'avril sur cette même destination.

 
Les tarifs des logements sont bas et leur taux de remplissage faible (plus tout à fait vrai... voir en fin d'article) !
En janvier, nous sommes là-bas en très basse saison touristique... Auparavant, les hôteliers avaient visiblement tendance à fermer du fait de l'absence de touristes. Les choses changent pour le bonheur des « hors saisonniers » : durant deux semaines, nous avons sillonné l'île des fjords du nord-ouest à la côte est, en privilégiant systématiquement les chambres d'hôtes (chambres avec généralement 4 lits, cuisine, salle de bain et WC communs). A quelques exceptions, celles-ci demeurent ouvertes même si personne ne vient y séjourner. Ainsi, il nous est arrivé à plusieurs reprises de venir frapper à leur porte et négocier très facilement 1 ou 2 nuits à des tarifs extrêmement attractifs (entre 10 et 15 € par nuit et par personne). Les chambres d'hôtes islandaises sont très propres et d'autant plus spacieuses qu'il n'y a alors que vous : nous avons par exemple eu la chance de nous partager une immense chambre d'hôtes comprenant 30 chambres et un réfectoire pour 300 personnes, à quelques km des geysers de Geysir, un site pourtant ô combien touristique !


Il y a peu de touristes (plus vrai... voir en fin d'article) !
Pour certains voyageurs, ce critère l'emporte sur tous les autres... En janvier, les cars de touristes se font rares. Du coup, il devient possible de profiter pleinement des sites les plus spectaculaires, de prendre le temps de les admirer et de les photographier.

 
Les nuits sont longues !
Point positif pour certains (pour observer les aurores boréales), et point négatif pour d'autres (cela laisse moins de temps pour admirer certains paysages). Il faut être allé en Islande pour comprendre les conditions de luminosité locales... En janvier, les premières lueurs de l'aube apparaissent vers 7h00 du matin. On assiste ensuite à une montée progressive de la luminosité jusqu'au lever du soleil vers 11h00. Durant cette période, et si le ciel est suffisamment dégagé, l'aube est spectaculaire et offre matière à de belles observations et photographies des sites. Le Soleil est visible à quelques degrés de l'horizon durant les heures qui suivent, à l'instar d'un coucher de soleil qui durerait étonnement longtemps. Cette période offre aussi de très belles lumières rasantes typiques. A partir de 16h00, le coucher est proche et le crépuscule qui s'ensuit perdure jusque vers 19h30 environ. Après ? C'est la nuit jusqu'à 7h00 le lendemain matin. 


Les inconvénients de la période hivernale


Les journées sont courtes !
Il est clair que si votre priorité est la découverte diurne de l'Islande, les 4 ou 5 heures de vraie luminosité par jour risquent de vous frustrer considérablement !

 
Le climat est rude !
Certes, la période estivale ne garantit pas forcément du très beau temps mais il faut reconnaître que la période hivernale impose quelques contraintes. Durant les deux semaines sur place, nous avons ainsi joué à cache cache avec le beau temps. Les températures minimales rencontrées n'étaient jamais inférieures à -3 ou -4 degrés (uniquement durant la nuit). En journée, les températures moyennes étaient de l'ordre de 5 degrés. Il a plu assez souvent. Nous avons toutefois pu cumuler environ 5 jours de beau temps. La neige n'a quasiment jamais été présente !? Une surprise pour nous qui nous attendions à nous retrouver systématiquement dans des paysages tout blancs. Elle est tombée en fait le jour de notre arrivée et la veille de notre retour. En revanche, c'est du côté du vent que nous avons été les plus pénalisés : souvent continu, il souffle parfois fort (jusqu'à 80 km/h). C'est fort désagréable pour les visites comme pour les prises de vues.
Pour nous jouer de ces conditions climatiques, nous avons profité des précieuses prévisions météo fournies par le site web : http://en.vedur.is/. Ce site est une vraie merveille car il est précis et permet de gérer heure par heure ses déplacements en fonction de la couverture nuageuse, des pluies ou neiges annoncées. Pour se connecter au web, il faut bien évidemment venir avec un ordinateur portable, un notebook, une tablette, un smartphone, etc., et rechercher les bornes Wifi, heureusement courantes sur l'île (stations essence, restaurants, cafés, chambres d'hôtes, etc.).


Conseils pratiques


En fonction des points positifs et négatifs que j'ai constatés à cette période, voici une synthèse des conseils que je ferais à tout voyageur intéressé (plus tout à fait vrai... voir en fin d'article) :

1 – A votre arrivée en Islande et à la veille du retour, prenez une chambre dans l'un des petits hôtels situés dans le centre historique de Reykjavik (comptez 30 € par personne environ, avec petit déjeuner inclus). La réservation peut se faire via le site web booking.com qui est sérieux et très pratique.
2 – Amenez votre sac de couchage et privilégiez ensuite systématiquement les chambres d'hôtes proposant une prestation lit avec sac de couchage (sleeping bag) : vous ne paierez pas cher la nuitée !
3 – Louez une voiture classique, qui sera à cette période de l'année équipée de pneus neige. Les routes principales et secondaires sont souvent dégagées et parfaitement praticables avec ce type de véhicule. Il a de plus le gros mérite d'être nettement moins coûteux à la location et moins vorace en carburant qu'un 4x4.
4 – Établissez votre planning de route au jour le jour, en fonction de la météo. Pour cela, votre « outil internet » sera très utile dès que vous vous arrêterez pour faire une pause dans une station service ou dans un restaurant. Cela suppose donc d'accepter de faire des heures de route pour trouver le beau temps...
5 – Faites des courses dans les supermarchés que vous trouvez sur la route. En chambres d'hôtes, on fait son repas... Les prix des denrées alimentaires sur place ne sont pas excessifs et on trouve tout le nécessaire pour se faire plaisir.

 
Côté vêtements...
Ce n'est donc pas spécialement le froid qui pose problème en Islande en hiver. A moins que vous passiez systématiquement les longues nuits à guetter l'apparition des aurores boréales, la priorité vestimentaire se situe plutôt du côté de la pluie et du vent : les vêtements coupe-vent et chaussures doivent être impérativement étanches, car visiter certains sites dans des conditions climatiques difficiles est malheureusement quasi inévitable durant le séjour. L'anorak doit aussi posséder une capuche efficace. Il convient enfin de ne pas oublier une bonne paire de gants type « gants polaires ».


Côté matériel photographique
Tout type de matériel, du compact au reflex performant avec son zoom, peut suffire. En revanche, si vous souhaitez faire des photos des aurores boréales, le reflex (avec sa télécommande) et un solide pied photo s'imposent. Les focales à privilégier vont du grand angle (24 mm par exemple) au court téléobjectif (120 mm par exemple). En Islande, peu de sujets nécessitent en effet le recours à des longues focales : les animaux sont rares et les détails géologiques et/ou paysagers correspondent généralement à des montagnes, glaciers, volcans ou chutes d'eau aux dimensions conséquentes.


Autres accessoires indispensables ou non
Le couteau suisse (à mettre en soute durant le vol) permet de casser la croûte sur site. Le GPS est utile pour retrouver son chemin, surtout si vous aimez crapahuter pour aller voir de plus près certains sites (je pense aux glaciers notamment). Les chaufferettes (à glisser dans ses chaussures) sont utiles pour ceux qui décident de passer des nuits à guetter les aurores boréales. En revanche, les lingettes et autres papiers toilettes ne s'avèrent pas vraiment indispensables : le coût modique des chambres d'hôtes et des douches dans certaines stations services permet de se laver facilement ; tandis que les WC sont monnaie courante dans la plupart des sites touristiques (y compris dans des endroits aussi inattendus que certaines chutes d'eau reculées).


Côté budget
Pour deux semaines sur la base de deux personnes en janvier, notre budget total incluant les vols A/R, la location de la voiture, les frais d'essence, les hôtels, chambres d'hôtes, et les repas s'est établi aux alentours de 1 500 € par personne. Les achats et consommations sur place étaient la plupart du temps réglés par carte bleue. On peut aussi facilement tirer des espèces aux guichets de banques présents dans les diverses villes traversées.
Nous n'avons pas eu le sentiment que le coût de la vie était si élevé en Islande !? Peut-être est ce du à la période choisie pour notre séjour, à un taux de change favorable, ou encore au fait que nous avons su éviter les dépenses les plus importantes liées aux hôtels et à certains restaurants notamment...


Complément au présent article (ajouté le 28 janvier 2013). 

J'ai effectué un autre séjour en Islande afin de photographier notamment les aurores boréales, cette fois durant la période de la Toussaint. J'ai ouvert un fil sur le site de Chasseur d'Images, fil qui a rencontré un beau succès... Vous retrouverez donc de nouvelles images et surtout de nouveaux conseils en fonction des interventions de chacun en cliquant ici !


Complément d'informations (au 2 mars 2020) : cela faisait donc pas mal d'années que je n'étais pas allé en Islande et mon retour sur place fin janvier 2020 m'a permis de faire le point sur les changements intervenus là-bas...

Globalement, tout ce que j'ai dit concernant le climat, le matériel à emmener, les vêtements à prendre, les budgets à prévoir sur place demeure d'actualité.

Ce qui change : depuis les attentats de 2015 en France et en Europe les touristes chinois sont arrivés en masse en Islande ! Cela se traduit par beaucoup de changements...
  • Pas mal de sites connus sont maintenant plus difficiles d'accès et sont équipés de barrières, de parkings obligatoires, de bornes de paiement, etc. L'époque où l'on se garait à l'envi pour partir "à l'aventure" est (quasi) révolu !
  • La pression touristique (chinoise) est dorénavant forte, de jour comme de nuit ! En journée, y compris hors saison (donc en hiver) les parkings construits sont bien remplis et on visite les sites avec tout le monde (certains sites sont de fait nettement moins agréables... Jökulsárlón, Gullfoss, Skogafoss en particulier). De nuit, c'est parfois aussi la mauvaise surprise : citons en particulier Kirkjufell, dans la péninsule de Snæfellsnes, où l'on se retrouve avec des dizaines de Chinois équipés de leur lampe blanche de smartphone, en train de parler tous azimuts, sur fond de cars arrivant sur le parking du site en pleins phares ! A ceci il convient d'ajouter la mise en route de drones pour se filmer (de jour) pendant les visites...
  • Le nombre de logements a explosé ! Les logements sont dorénavant ouverts toute l'année, et de nombreuses infrastructures ont poussé un peu partout. Pour autant, certaines zones posent problème pour trouver une chambre lorsqu'on s'y prend au dernier moment, comme c'est forcément le cas si l'on vient pour les aurores boréales et qu'on se calque sur la progression du beau temps.
  • Ce qui nous amène au dernier point : la recherche d'un logement justement... est aujourd'hui globalement plus facile. Le matin on fait le point sur la météo, puis on cherche sur les moteurs de recherche (booking.com) une chambre de libre, de préférence en chambre d'hôtes. Hormis le sud de l'île où la pression touristique est forte, même en hiver, nous n'avons ainsi eu aucun souci pour trouver un lieu où résider dans les nord, ouest et sud-ouest islandais. Je signale enfin qu'il est facile de trouver dans toute l'île un accès gratuit à internet via les stations services, les restaurants, hôtels, etc. Il suffit de se garer à côté pour pouvoir se connecter et accéder par exemple aux dernières infos météo.
En conclusion... Celui qui a connu l'Islande "d'avant" est forcément déconcerté en découvrant l'Islande d'aujourd'hui ! Finie l'époque où l'on avait l'impression de partir à l'aventure dans une contrée ultra sauvage et déconcertante. Maintenant, le visiteur a clairement l'impression de découvrir des sites "encadrés" et "orientés", sans pouvoir trop bouger comme bon lui semble. De nuit pour les aurores, la situation est même parfois pénible et oblige l'amateur à s'éloigner des sentiers aujourd'hui battus, pour trouver des zones peu fréquentées.